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L’ACV produit

Les résultats issus de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) d’un produit de construction ou équipement permettent d’élaborer une déclaration environnementale (FDES ou PEP) dans la perspective de calculer la performance environnementale d’un bâtiment.

Qu’est-ce qu’un produit ou équipement de la construction ?

Un produit de construction ou un équipement (PCE) est un produit destiné à être incorporé dans un ouvrage de construction. Certains produits sont élaborés in situ (sur le chantier) et d’autres proviennent de processus artisanaux ou industriels. Ils correspondent aux produits de la construction et de décoration et aux produits d’équipement électrique, électronique et de génie climatique.

Qu’est-ce qu’une déclaration environnementale (DE) spécifique ?

Ces produits peuvent posséder une déclaration environnementale (FDES et PEP), aussi appelées EPD (Environmental Product Declaration) à l’international. Cette DE est une déclaration contenant les informations environnementales du produit, basées sur les résultats d’une ACV, en vue de calculer la performance environnementale d’un bâtiment. Cette déclaration peut être réalisée à l’initiative du fabricant, du syndicat/association de fabricants ou d’un représentant d’une filière, par exemple une fédération professionnelle. En effet, d’après le décret du 23 décembre 2013 et l’arrêté du 9 juillet 2014 sur l’affichage environnemental des produits de construction et de décoration du Code de la consommation, pour communiquer sur la performance environnementale d’un produit ou équipement, les industriels doivent élaborer une déclaration environnementale de type III, issue d’une ACV dès lors qu’ils font une allégation environnementale. Ces acteurs peuvent réaliser cette ACV en interne ou bien faire appel à un prestataire, généralement un bureau d’études. 

En France, pour les produits de construction et de décoration, une EPD correspond à une FDES (Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire) et pour les équipements électriques, électroniques et de génie climatique du bâtiment à un PEP (Profil Environnemental Produit). 

Des normes internationales régissent la réalisation de ces déclarations, comme la norme ISO 14 025 publiée en 2006 qui détaille les principes et les modes opératoires pour réaliser des déclarations environnementales de type III et la norme ISO 21 930 publiée en 2017 qui précise les principales règles pour élaborer les déclarations environnementales des produits de construction (EPD). 

Quelles sont les 4 phases pour réaliser l’ACV d’un produit ? 

Les 4 phases d'une ACV
Les 4 phases d’une ACV issues de la norme ISO 14 040

Phase 1 : Définition des objectifs et du champ de l’étude

L’application prévue de cette analyse, l’audience ciblée et le niveau de précision recherché sont dans un premier temps détaillé. Durant cette étape l’unité fonctionnelle (UF) est définie. Elle correspond à l’unité de référence et de comparaison utilisée pour quantifier la performance du service rendu par un produit à l’utilisateur. Elle comprend l’identification de la ou des fonction(s) étudiée(s) du produit, le niveau de performance atteint par la ou les fonction(s) et la durée de vie de référence (DVR). La durée de vie permet de conditionner le nombre de renouvellements et donc les impacts lors de la phase d’utilisation du bâtiment. Les frontières de l’étude sont ensuite définies, elles correspondent aux étapes du cycle de vie considérées, aux critères de qualité de l’étude, aux règles de coupure utilisées permettant de négliger des éléments à condition qu’ils aient une masse et des impacts négligeables.  

Phase 2 : Inventaire du cycle de vie 

Il correspond au bilan de l’ensemble des flux entrants et sortants du système étudié. Le prestataire, qui réalise l’ACV, accompagne l’industriel dans la collecte des données puis les quantifie dans les unités adéquates. Ces données sont spécifiques pour la production et correspondent à des scénarios génériques pour les phases d’utilisation et de fin de vie. Ces données sont ensuite ramenées au flux de référence, permettant de correspondre à l’UF. 

Phase 3 : Evaluation des impacts du cycle de vie 

Elle permet de passer d’une centaine de flux aux 28 indicateurs environnementaux de la norme EN 15804+A1. Ces indicateurs permettent de mesurer les impacts environnementaux provoqués par le produit grâce à une caractérisation des flux d’émissions et de consommation de ressources. Cette étape est faite automatiquement dans les logiciels ACV produit.

Phase 4 : Interprétation 

Pour finir, les résultats obtenus sont interprétés afin de tirer des conclusions de l’étude ou pour améliorer une partie de cette étude. L’analyse des profils d’impact est réalisée, ainsi qu’une analyse de sensibilité, un contrôle de la complétude de l’étude et de sa cohérence. L’ACViste accompagne ensuite son client afin de lui suggérer les actions environnementales à prioriser. 

Quelles étapes du cycle de vie des produits sont prises en compte ? 

La norme NF EN 15804+A1 de 2014 détaille les quatre grandes étapes du cycle de vie du produit ou équipement. Ces étapes correspondent à la production des matériaux, la construction, l’utilisation et la fin de vie du bâtiment, soit du « berceau à la tombe » ou « cradle to grave » en anglais. Chacune des grandes étapes est divisée en sous-étapes.

Les étapes du cycle de vie d'un PCE
Les étapes du cycle de vie d’un PCE

 

Quels sont les indicateurs environnementaux évalués ? 

L’indicateur de réchauffement climatique Indicateur de réchauffement climatique

Pour connaître l’impact sur le changement climatique appelé impact « carbone » d’un produit, utilisez l’indicateur réchauffement climatique (GWP). Il comptabilise les émissions de gaz contribuant à l’effet de serre tout au long du cycle de vie du produit. Son unité est le kg équivalent CO2, ce qui signifie qu’il inclut tous les gaz émetteurs : le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), les chlorofluorocarbures (CFC), le protoxyde d’azote (N2O), etc.

Toutes ces valeurs (produits et équipements) sont nécessaires pour le calcul carbone à l’échelle bâtiment pour E+C- et demain la RE2020.

Les indicateurs énergie Indicateur énergie

Les neuf indicateurs de l’ACV directement en lien avec la consommation et la valorisation d’énergie sont décrits ci-dessous et sont exprimés en mégajoule (MJ), sachant qu’un mégajoule est égal à 0,278kWh. Ces indicateurs ne calculent pas seulement la consommation en phase d’utilisation du produit ou du bâtiment mais quantifient également l’énergie nécessaire pour la fabrication, le transport et la fin de vie. 

L’utilisation de l’énergie primaire renouvelable (éolienne, solaire, géothermique, hydrothermique, hydroélectrique, biomasse, gaz de décharge, gaz des stations d’épuration d’eaux usées et biogaz, etc.) ou non renouvelable (pétrole, charbon, gaz, nucléaire, etc.) sont des indicateurs qui expriment la quantité d’énergie qui est consommée aux différentes étapes du cycle de vie du produit afin de faire fonctionner les systèmes, équipements et processus. 

Ensuite, l’utilisation des ressources d’énergie primaire renouvelables (bois, etc.) ou non renouvelables (matières plastiques, etc.), en tant que matières premières, correspond à la quantité d’énergie primaire contenue dans les matières premières consommées pour fabriquer un produit. 

La quantité totale d’énergie renouvelable consommée est calculée tout comme la quantité totale d’énergie non renouvelable. 

Utilisation totale des ressources d’énergie primaire renouvelables en MJ

  • Utilisation d’énergie primaire renouvelable hors ressource d’énergie utilisées comme matières premières en MJ
  • Utilisation d’énergie renouvelable utilisée comme matières premières en MJ

Utilisation totale des ressources d’énergie primaire non renouvelable

  • Utilisation d’énergie primaire non renouvelable à l’exclusion des ressources d’énergie primaire non renouvelable utilisées en tant que matière première
  • Utilisation des ressources d’énergie primaire utilisées en tant que matière première

Les indicateurs en lien avec l’économie circulaire  Indicateur économie circulaire

Les onze indicateurs de l’ACV directement en lien avec l’extraction ou le réemploi des matières, leur utilisation et leur fin de vie sont décrits ci-dessous. L’épuisement des ressources abiotiques exprime la quantité de matières « rares » (métaux, etc.) ou d’énergie (gaz, pétrole, charbon, etc.) consommée aux différentes étapes du cycle de vie du produit. Son unité s’exprime en antimoine (Sb) équivalent. L’antimoine est une ressource considérée comme épuisable à l’échelle humaine et a une valeur de 1 par convention. Une valeur supérieure à 1 pour une ressource indique que l’on consomme une ressource plus rare que l’antimoine (ex : 1kg or = 52kg éqSb, 1kg fer = 0,0000000524kg éqSb). 

Ensuite, l’utilisation de matières secondaires correspond à la quantité de matières récupérées après une première utilisation ou issues de déchets qui remplacent des matières vierges et qui sont intégrées dans le produit. L’utilisation de combustibles secondaires renouvelables (bois issu d’une déconstruction, déchets végétaux, etc.) ou non renouvelables (déchets plastiques, etc.) correspond à la quantité d’énergie consommée issue de combustibles récupérés après une première utilisation ou issus de déchets, qui remplacent des combustibles primaires. 

Puis, les indicateurs en lien avec la production et le traitement des déchets dangereux, non dangereux ou radioactifs éliminés correspondent à la quantité de déchets produite qui est enfouie ou incinérée. Pour finir, la masse des composants destinés à la réutilisation, au recyclage ou à la récupération d’énergie est estimée.

Pour finir, l’énergie électrique, vapeur ou gaz fournie à l’extérieur correspond à la quantité d’énergie produite par valorisation énergétique lors de la phase de fabrication du produit ou de valorisation des déchets (usines d’incinération des ordures ménagères).

En savoir plus sur l’économie circulaire

  • Epuisement des ressources abiotiques non fossiles en kg Sb eq
  • Epuisement des ressources abiotiques fossiles en MJ
  • Utilisation de matières secondaires en kg
  • Déchets dangereux en décharge en kg
  • Déchets non dangereux en décharge en kg
  • Déchets radioactifs en décharge en kg
  • Composants destinés à la réutilisation en kg
  • Matériaux destinés au recyclage en kg
  • Matériaux destinés à la récupération d’énergie en kg
  • Utilisation de combustibles secondaires renouvelables en MJ
  • Utilisation de combustibles secondaires non-renouvelables en MJ
  • Energie fournie à l’extérieur en MJ par vecteur énergétique *
    • Energie fournie à l’extérieur électricité en MJ
    • Energie fournie à l’extérieur vapeur en MJ
    • Energie fournie à l’extérieur chaleur en MJ

* La déclinaison de cet indicateur en trois vecteurs
(électricité, vapeur, chaleur) est disponible uniquement pour les FDES

Les indicateurs en lien avec la biodiversité Indicateur biodiversité

Il n’existe pas d’indicateurs directement en lien avec la biodiversité mais six indicateurs permettent de réaliser une évaluation indirecte de cet impact. En effet, les pollutions des sols, de l’air, de l’eau et l’acidification sont des facteurs de perte de biodiversité. Ainsi, plus les valeurs de ces indicateurs sont faibles, moins le projet impacte la biodiversité.

L’indicateur lié au réchauffement climatique exprime le potentiel d’effet de serre additionnel engendré par les émissions de GES (CO2, CH4, CFC, N2O, etc.) aux différentes étapes du cycle de vie d’un produit ou projet.

Ensuite, l’indicateur lié à l’appauvrissement de la couche d’ozone quantifie les émissions de CFC (ChloroFluoroCarbures) ou HCFC (hydroCFC). Ces émissions réagissent avec les molécules d’ozone présentes dans la stratosphère et limitent donc le filtrage des rayons ultraviolets.

L’indicateur lié à l’acidification des sols et de l’eau quantifie les émissions de composés susceptibles de se transformer en acides (SO2, NOx, NH3, HCl, etc.) lessivés par les précipitations et se retrouvant dans l’eau et le sol.

L’eutrophisation exprime le potentiel d’enrichissement des eaux en nutriments engendré par les émissions aux différentes étapes du cycle de vie du produit. Cet excès de nutriments diminue la diversité biologique et la qualité de l’eau.

Ensuite, l’indicateur lié à la formation d’ozone photochimique quantifie les émissions de COV entraînant la formation d’ozone troposphérique. L’ozone, bien que protecteur dans les hautes couches de l’atmosphère, est un gaz dangereux et irritant pour les voies respiratoires.

Pour finir, l’indicateur lié à l’utilisation nette d’eau douce correspond à la quantité d’eau douce consommée aux différentes étapes du cycle de vie du produit ou projet.

  • Appauvrissement de la couche d’ozone en kg CFC-11 eq
  • Acidification des sols et de l’eau en kg SO2 eq
  • Eutrophisation en kg (PO4)3-
  • Formation d’ozone photochimique en kg C2H4 eq
  • Pollution de l’air en m3
  • Pollution de l’eau en m3
  • Utilisation nette d’eau douce en m3

Pourquoi réaliser l’ACV d’un produit ? 

L’ACV d’un produit est la première étape de son éco-conception, elle permet de faire un diagnostic complet, multicritères et sur tout son cycle de vie. L’industriel peut alors identifier les actions possibles pour diminuer les impacts les plus importants de son produit. Ces déclarations sont rassemblées dans la base INIES dans la perspective de l’évaluation de la performance environnementale des bâtiments. 

La vérification des déclarations environnementales est-elle obligatoire ? 

La vérification des déclarations, par tierce partie indépendante, en accord avec la norme ISO 14 025 est obligatoire depuis le 1er Juillet 2017, avec l’arrêté du 31 août 2015. Cette vérification est réalisée par un expert, cette personne doit être habilitée au programme de vérification PEP pour vérifier des PEP et au programme de vérification INIES pour vérifier des FDES. Le vérificateur analyse la conformité de l’étude aux regards des bonnes pratiques et réalise une revue critique incluant une étude des hypothèses faites, de la plausibilité des résultats et de l’objectivité des conclusions. Il peut demander des modifications de l’étude ou bien des justifications. Une attestation de vérification signée par le vérificateur est délivrée et accompagne l’étude. Ces déclarations sont valides 5 ans et doivent être mises à jour obligatoirement durant cette période de validité si l’un des indicateurs varie de plus de 10%. 

Quelles sont les deux types de déclarations environnementales ?

Déclaration individuelle

FDES et PEP individuels sont réalisés par un seul fabricant pour un produit ou gamme de produits spécifiques. Cela permet de connaître les impacts réels du produit et de le faire valoir auprès des prescripteurs.

Déclaration collective

La déclaration collective se fait sur un même produit type fabriqué par plusieurs industriels. Pour entrer dans le cas d’une déclaration collective, il faut respecter un cadre de validité. Celui-ci spécifie les règles et exigences applicables aux déclarations environnementales collectives. Il définit la méthodologie de réalisation de ces dernières, les conditions relatives à la communication des impacts environnementaux en fonction de la dispersion des résultats et les règles et conditions de rattachement des fabricants (intervalle de validité à respecter). Ce cadre est disponible dans la déclaration.

Les déclarations collectives sont utiles pour faire les ACV bâtiment tout particulièrement en phase de conception, lorsque l’on ne connait pas les marques exactes des produits.

Ressources documentaires associées